L’hypocrisie des dirigeants PLR de notre pays est sans vergogne. Tout particulièrement en matière de politique étrangère. Ainsi, le chef du DFAE, Didier Burkhalter, ne se presse aucunement de passer de la parole aux actes lorsque le comportement d’un Etat dépasse les limites acceptables. Et ce, alors même qu’il souligne sans discontinuer aux dirigeants de la planète, comme aux jeunes Suisses et d’ailleurs, les priorités du Conseil fédéral en matière de politique étrangère internationale : le respect du droit international, la promotion de la paix, la sécurité collective, la protection des défenseurs des droits humains et, non des moindres, l’éradication de la peine de mort.

De même, l’actuel président de la Confédération et chef du DEFR, Johann Schneider-Ammann - dans un esprit néolibéral d’une rigidité comparable aux planches de cercueil des victimes des politiques des Etats ayant passé la mesure - laisse nonchalamment se développer une politique économique extérieure totalement sourde aux injonctions de notre Constitution, et propagée par son collègue de parti dans son frénétique marathon de discours à travers le monde.

Dernier exemple en date, l’attitude adoptée vis-à-vis de l’Arabie saoudite.

Bien qu’il soit notoire et connu de tous les services secrets, notamment suisses, que ce pays et sa classe dirigeante soutiennent, depuis des décennies, tant la diffusion en Occident (y compris en Suisse) d’un islam rigoriste que des groupes terroristes aujourd’hui très actifs en Syrie, les élites de ce pays et leurs milliards de pétrodollars sont depuis toujours les bienvenus chez nous. Ils y sont même chouchoutés.

Plus encore : alors que l’Arabie saoudite en en guerre ouverte au Yémen pour mater une révolte de la communauté chiite yéménite de la manière la plus forte, et en violation des Conventions de Genève quant à la protection des civils, notre pays reçoit en décembre une discrète conférence de paix à Macolin, mais ne se lasse pas d’exporter du matériel de guerre en Arabie saoudite. En 2015, c’est de l’armement pour une valeur de 550 millions de francs qui a été livré vers ce pays. Les services du président Schneider-Ammann invoquent la sécurité juridique pour justifier ces livraisons. Pour les docteurs du libéralisme, il est évident que la sécurité juridique en affaires compte bien plus que la sécurité personnelle des centaines de milliers de civils inconnus au Yémen.

Il est vrai que suite à l’exécution par décapitation de 48 personnes, à la mode Daech, dont un imam chiite contestant de manière pacifique le régime autoritaire saoudien comme syrien, le DFAE a convoqué l’ambassadeur d’Arabie saoudite. C’est bien mais cela reste bien maigre et surtout insuffisant pour donner bonne conscience à la Suisse, car ce pays - en main de la dynastie Saoud grâce aux puissances occidentales - commet depuis trop longtemps de graves et permanentes violations des droits fondamentaux. Rappelons ainsi la condition insoutenable des femmes ou les 1000 coups de fouet auquel a été condamné le bloggeur critique Raïf Badawi, récent récipiendaire du prix Sakharov.

Moins d’hypocrisie et plus de cohérence chez les conseillers fédéraux PLR sont indispensables pour la Suisse. C’est dans ce sens que, lors de la séance de la Commission de politique étrangère des 11 et 12 janvier 2016, les socialistes interpelleront le Conseil fédéral sur nos relations avec l’Arabie saoudite, les exportations d’armes vers ce pays, les mesures de sécurité et la prise en charge financière de celles-ci lors de venues privées en Suisse de membres de la famille Saoud. 

06. jan 2016