C’est évident, plus on s’approche de la votation sur le Gripen, davantage de « salades » sont envoyées pour dire tout et son contraire. Il y a dans l’air (c’est le cas de le dire) une certaine nervosité, pour ne pas dire une nervosité certaine des milieux favorables à l’achat des Gripen. Il est utile de rappeler que le « Gripen E » n’existe pas, ou tout au plus n’est qu’un modèle dit « démonstrateur », il n’est donc même pas un prototype !

Venons-en maintenant aux commandes compensatoires, qui doivent correspondre à 100% de commandes faites aux entreprises suisses. En principe, ces commandes devraient se partager comme suit : 70% pour la région alémanique, 30% pour la Romandie et 10% pour la région du Tessin… si le peuple accepte la création du « fonds d’acquisition de l’avion de combat Gripen ».

Si j’analyse la situation actuelle, encore une fois on entend dire que plusieurs contrats auraient été signés à ce jour, ceci pour environ 400 millions de francs (sur les 2,5 milliards de francs promis d’ici à 10 ans). Que peut-on constater ? Un contrat de 8 millions aurait été conclu entre une entreprise et un sous-traitant neuchâtelois qui en réalité n’a rien à voir avec le Gripen. Il s’agit d’horloges atomiques destiné à un autre projet…

D’autres contrats auraient aussi été signés avec… Saab Bofors dynamics à Thoune (BE) et SN Technologie à Meyrin (GE), anciennement entreprise TAVARO. Or, on constate que ce sont des filiales appartenant au groupe…Saab ! D’autre part, Ruag, entreprise alémanique appartenant à 100% à la Confédération veut « la plus grande part du gâteau ». Si la Ruag s’est bien reconvertie à raison de près de 60% en une entreprise dite « civile », une part importante reste tout de même concentrée sur « le militaire »

Ainsi, les affaires compensatoires se concentrent actuellement sur peu d’entreprises suisses, dont celles indiquées ci-dessus, même si cette répartition pourrait éventuellement s’améliorer par la suite. Pour l’heure, je constate qu’il y a peu de contrats signés avec la Suisse romande en particulier, d’autant plus qu’une entreprise « genevoise » appartient au groupe Saab et que sa deuxième filiale est à…Thoune ! Rien encore pour les autres cantons ! Encore une fois, on me dira que rien n’est encore fait tant que le peuple n’aura pas donné son avis. Toujours est-il qu’il y a lieu d’être très sceptique, d’autant plus que ces affaires compensatoires étaient peau de chagrin lors de précédents achats d’avions de combat.

Et les emplois dans tout cela ? Premièrement, le chef du DDPS dit que si l’achat du Gripen est accepté, la place d’aviation de Payerne pourrait se voir augmenter une centaine d’emplois nouveaux. Ce qu’il oublie de dire, c’est que les aérodromes militaires de Sion et de Meiringen vont être fermés, avec d’autres places d’armes ailleurs en Suisse (projet DEVA). Avec cela, combien de places de travail vont être supprimées ?

Non, Monsieur Maurer, les doutes concernant les affaires compensatoires sont encore bien d’actualité, d’autant plus que ces jours on entend n’importe quoi pour favoriser l’achat de 22 nouveaux avions de combat alors que rien ne se justifie, surtout que ce dossier a été très  mal emmanché dès le début, et ce de A à Z !

30. avr 2014