Cette initiative est dangereuse. Elle s’inscrit dans le sillage de l’initiative du 9 février 2014, mais aussi dans la logique autoritaire de la loi du plus fort, qui a conduit des personnalités comme Salvini, Trump ou Bolsonaro au pouvoir. Personne ne pensait que ces gens pourraient gagner, ils ont gagné. Tout comme l’expérience montre que ce type d’initiative peut l’emporter.

Le parallèle entre le Brexit et l’initiative de résiliation lancée par l’UDC est frappante : c’est la même démarche et elle produit les mêmes effets.

Le Brexit d’abord : il s’agit de quitter à tout prix le marché européen, en prétendant qu’il sera ensuite possible de négocier de nouveaux rapports avec l’Europe, à la carte. 

Or, les Tories, au pouvoir, n’ont même pas réussi à faire passer un accord transitoire pour régler le divorce, et l’on se trouve maintenant à quelques semaines d’une sortie brutale du Royaume-Uni. Rien n’est réglé et tout montre que le dommage sera majeur. Il n’y a ni accord commercial avec l’Europe, ni aucun autre accord commercial d’envergure. La Grande-Bretagne se trouvera donc plus isolée que jamais. 

L’initiative de résiliation ensuite : il s’agit de faire tomber les sept premiers accords bilatéraux, et probablement aussi Schengen-Dublin, entraînés dans le naufrage. La démarche est exactement la même que pour le Brexit : dynamiter ce qui existe au nom de promesses radieuses de lendemains qui chantent. 

Comment croire un seul instant qu’après la chute des accords bilatéraux, il sera possible de négocier des accords à la carte avec l’Union européenne, en ne prenant que ce qui convient à la Suisse, et en écartant ce qui lui déplaît ?

Cette initiative de résiliation relève du charlatanisme. Elle présente le même degré de crédibilité que la promesse de Boris Johnson de verser 350 millions de livres sterling par semaine dans le système britannique de santé. 

Cette initiative mérite d’être sèchement rejetée par notre Parlement qui, contrairement à Westminster, a le droit de débattre de la question avant la votation populaire. Et qui ne se fait pas suspendre par premier ministre autocrate. 

Ne vous y trompez pas, cette initiative est dangereuse. Elle s’inscrit dans le sillage de l’initiative du 9 février 2014, mais aussi dans la logique autoritaire de la loi du plus fort, qui a conduit des personnalités comme Salvini, Trump ou Bolsonaro au pouvoir. Personne ne pensait que ces gens pourraient gagner, ils ont gagné. Tout comme l’expérience montre que ce type d’initiative peut l’emporter.

Cette initiative pose la question du positionnement de la Suisse : voulons-nous être adossés à une Europe solide, qui protège le climat, qui essaie d’accompagner le commerce de règles pour garantir la justice, qui se bat pour le respect des droits fondamentaux ?

Ou voulons-nous nous inscrire dans le sillage des autocrates anti-climat, des isolationnistes, des aventuriers autoritaires et des hommes forts ? Avec cette initiative, l’UDC choisit définitivement son camp et cherche à entraîner notre pays dans ce sillage. Mais il est encore temps pour dire NON.

La Suisse a besoin d’un rapport étroit avec l’Europe. Dans ce monde mis à feu et à sang par le président Trump, la Suisse doit garder les relations les plus étroites possible avec son grand voisin. Vous savez toutes et tous que ce n’est pas toujours facile à mettre en œuvre et à rénover, mais, ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas le moment de déstabiliser le fondement de nos rapports avec l’Europe. Dans notre intérêt, et dans celui de l’Europe.  

Meine Damen und Herren

Die Kündigungsinitiative will nichts anderes als einen Schweizer Brexit. Der einzige Unterschied liegt in der Geschwindigkeit.

Im Falle des Brexit konnte die britische Regierung zumindest selber auswählen, wann sie die Frist auslöst; die Frist dauerte wegen den EU-Verträgen zwei Jahre und ist bekanntlich verlängerbar. 

Für den Schweizer Brexit hat die SVP ein Expressverfahren vorgesehen. Sie will nämlich eine nicht verlängerbare Kündigungsfrist von einem Jahr in der Schweizer Verfassung verankern.

Unter Zeitdruck verhandelt man nicht gut, und die SVP wird nie müde, dies im Zusammenhang mit dem Rahmenabkommen zu unterstreichen. Und prompt will sie mit ihrer Kündigungsinitiative, dass die Schweiz selber unter Zeitdruck gerät und sich in eine unmögliche Verhandlungssituation hineinmanövriert.

Schon das zeigt, dass hinter dieser Initiative ein fanatisches Gedankengut steht. Es geht nicht um die Interessen unseres Landes, sondern um reine populistische Schaumschlägerei à la Boris Johnson.

Gerade die Erfahrung von Grossbritannien zeigt, wie schwierig und komplex diese Verhandlungen sind. Es ist mehr als fragwürdig, ob selbst ohne Zeitdruck etwas Besseres als die Bilateralen Verträge – aber ohne Personenfreizügigkeit – zu erreichen wäre. 

Der SVP geht es gar nicht darum, irgendetwas für unser Land zu erreichen. Hier geht es nur um die elektorale Bewirtschaftung dieses Themas. 

Zum Glück gibt es einen entscheidenden Unterschied zu Grossbritannien: die Schweizerinnen und Schweizer haben Erfahrung mit Volksabstimmungen und werden sich wohl nicht so einfach reinlegen lassen. 

Die Kündigungsinitiative schadet den Interessen der Schweiz: anstatt, dass unser Land mit Europa konstruktiv verhandeln und das gute Verhältnis zu Europa weiterentwickeln kann, was der Schweiz auch erlauben würde, ihre speziellen Bedürfnisse wie den Lohnschutz zu berücksichtigen, will uns die Kündigungsinitiative in das Lager von Boris Johnson zwingen. 

Im Zeitalter des erstarkten Protektionismus und des Wiederaufflammens der geopolitischen Spannungen sollten wir genau das Gegenteil der Kündigungsinitiative erwägen, nämlich unsere Beziehung zu Europa verbessern. Deshalb verdient diese Initiative eine wuchtige Ablehnung.

16. sep 2019