Après avoir terrorisé la population et les parlementaires avec des menaces de déficit afin de justifier un budget d’austérité en automne 2017, le gouvernement annonce un résultat record de 4.8 milliards de francs. Le ministre des finances était fier de ce résultat, mais il n’y a pas de quoi. Bien sûr, la bonne santé financière de l’État est en soi une bonne nouvelle. Ce qui est mauvais, c’est la gestion cataclysmique de la situation excédentaire de nos finances publiques.

La première impression que l’on a, lorsque l’on annonce qu’on va rembourser de la dette, c’est un sentiment de soulagement : nous n’aimons pas avoir des dettes. Toutefois, il est important de comprendre que l’argent qui est utilisé pour rembourser la dette pourrait aussi être utilisé à faire autre chose. Une bonne politique publique consiste donc à comparer ce que rapporte la décision de rembourser la dette, à une autre décision, qui serait par exemple d’affecter cet argent à des projets générateurs de richesses futures pour le pays, à l’AVS ou à d’autres formes d’investissements.

Si nous investissons 5 milliards, nous renforçons de façon importante la compétitivité et le bien être dans notre pays, ce qui générera davantage de recettes fiscales, de revenus et diminuera le chômage. Développer la formation, les transports publics, ou garantir les retraites pour des dizaines d’années, ce sont des éléments de bien-être tangibles, que tout le monde peut comprendre. Quel est le bien-être apporté par le remboursement de la dette ? Etant donné que les intérêts sont à peu près à 0%, que la Suisse a un endettement ultra faible en comparaison internationale et que même les acteurs du marché financier ont besoin d’actifs financiers (comme par exemple les emprunts de la Confédération), rembourser la dette ne rapporte rien. Au contraire : ça coûte.

Il y a deux dettes. La dette financière, qui est en Suisse totalement maîtrisée. Et il y a la dette sociale : ce que nous devons investir dans les infrastructures et les assurances sociales pour ne pas devoir payer beaucoup plus cher dans le futur. Profitons des excédents pour renforcer encore la position de notre pays, et faisons-le de façon à ce que cette plus-value profite à toutes et tous.

24. fév 2018