Voici comment je pourrais résumer mes impressions comme délégué du PS Suisse à la Présidence du Parti socialiste européen (PSE), qui s’est réuni le 14 octobre dernier à Bruxelles : Le Brexit (ses raisons : migrations, libre circulation avec dumping salarial et social, tendances nationalistes-populistes, souveraineté) plombe l’ambiance au sein de la famille progressiste européenne

Ce n’est pas le moment pour « business as usual ». Tout comme les prochaines échéances électorales nationales en 2017 (France, Pays-Bas, Allemagne) et le referendum en Italie le 4 décembre (la Présidence a adopté une déclaration en faveur du oui). Les délégué-e-s des différents partis des pays concernés ont présenté une analyse peu optimiste des perspectives. Sauf le délégué du PD italien, qui est confiant pour le 4 décembre et la déléguée roumaine pour les élections le 11 décembre. Même après son Congrès de fin septembre à Liverpool et la confirmation du leadership de Jeremy Corbyn, le Labor a « la gueule de bois » et reste divisé sur les stratégies post Brexit. Trend positif et durable : une claire conscience-revendication s’affirme, dans les discours et les actes, pour une Europe plus sociale, avec une révision des traités UE et des programmes de formation/emploi pour les jeunes et plus démocratique, plus proche des populations. Plusieurs initiatives sont en cours :

  1. Ensemble – Un nouveau cap pour une Europe progressiste – Agissons pour notre avenir!, lancée le 19 octobre par le groupe parlementaire S&D (Socialists & Democrats), avec l’appui du PSE, de Solidar, de la FEPS. Des initiatives publiques auront lieu pendant un an dans toute l’Europe (1ère session à Prague, fin novembre), avec plate-forme interactive, conférence finale de synthèse et programme pour concrétiser les demandes et revendications.
  2. Garantie jeunes : lancé en 2012, avec le soutien du PSE et de ses ministres des Affaires sociales, ce fonds (20 milliards € / 4 ans) qui a bénéficié à 9 millions de jeunes doit devenir une mesure structurelle pour faire face au chômage des jeunes (formation, apprentissage, jobs). Il fait face à des mesures d’économies vivement combattues par le PES et le groupe parlementaire.
  3. Appel des Ministres des Affaires sociales des partis PSE (15 juillet, Bratislawa) qui exige la reconnaissance des droits sociaux et des droits des travailleurs : standards sociaux en Europe, augmentation des salaires minimaux dans tous les pays-membres, révision de directives EU pour introduire un salaire égal et droits égaux à travail équivalent, accès égal au système de sécurité sociale, etc.
  4. La PSE Roadmap et PES workplan 2016–2017 en vue des élections de 2019 établit 7 priorités politiques (croissance et emplois durables, égalité gender, migrations…). D’autres documents du PES, de son groupe ou de ses networks (Economic and monetary Union, digital economy, Towards a European unemployment benefit insurance…) insistent pour une Europe des droits sociaux. Un volet social doit être intégré dans les Traités, pour balancer les libertés économiques avec les droits sociaux. The New Agenda for Europe 2016–2019 adopté par le PSE (présidence et leaders) en juillet dernier donne un cadre thématique en 9 points à ces différentes initiatives.
  5. le prochain PSE Council (13 décembre à Prague), dont l’agenda a été adopté par la présidence s’intitule « Saving Europe, the left for Youth & Progress ». Une résolution est en préparation. Malheureusement, il y a une collision de dates avec le Congrès du PS Suisse de Thoune.

Un groupe de travail pour la préparation des élections européennes de 2019 a été nommé (priorités, campagne et processus de sélection du candidat PSE). En mai 2014 Martin Schulz était le candidat unique des progressistes pour la Présidence de la Commission, actuel président du Parlement UE.

La demande du PS Suisse de devenir membre à part entière (« full membership ») du PSE : En marge de ces rencontres, des discussions ont eu lieu sur la demande du PS de devenir membre à part entière et plus « parti associé » sans droit de vote, comme actuellement (avec plusieurs partis des Balkans et de Turquie) du PSE. Notre demande a été transmise le 24 juin 2016, suite à la décision de l’Assemblée des délégués de Chaux de Fonds d’avril dernier. Notre demande est reçue très positivement par nos interlocuteurs. Une nouvelle adhésion au PSE sera décidée par le Congrès. Le prochain aura lieu en 2018. Entre temps, il est prévu que des discussions soient menées entre pays membres, à la Présidence. Une option est de modifier l’art. 9 des statuts du PSE permettant aux partis socialistes des pays de l’UE « et de l’EFTA/AELE » de devenir membre à part entière.

Mario Carera, membre du Comité directeur du PS Suisse, délégué du PS suisse à la Présidence du Parti socialiste européen (PSE)

03. nov 2016