Depuis le 20 octobre 2018, les forces armées turques bombardent le territoire syrien et la population de la région kurde d’Afrin. De nombreuses victimes civiles sont déjà à déplorer. Il est temps pour le Conseil fédéral et le DFAE de dénoncer la violation du droit international en demandant l’arrêt des opérations militaires, le retrait des troupes turques de Syrie, l’adoption d’une résolution par le Conseil de Sécurité de l’ONU et le retour des tous les acteurs à la table des négociations dans le but de d’instaurer la paix et de permettre aux civils de construire un futur fait d’espoir et non de violence et de bombes.

Les photos des enfants, des femmes et des hommes morts sous les bombes sont insoutenables. Plus grave encore, les troupes turques, avec les chars d’assauts Leopard d’origine allemande, ont pénétré sur le territoire de la Syrie. Cette agression militaire de la Turquie contre la Syrie est une violation crasse du droit international public et des principes fondamentaux de la Charte des Nations-Unies. Les forces démocratiques kurdes de Syrie n’ont mené aucune agression militaire contre la Turquie et n’ont aucunement invoqué une quelconque volonté d’indépendance remettant en cause les frontières internationales. Les Kurdes de Syrie ont mis en œuvre un processus d’autonomisation démocratique de la région du Rojava s’inscrivant dans l’intégrité des frontières de la Syrie.

Le président turc Erdogan détruit la société civile progressiste et kurde de Turquie, met fin aux droits de l’homme moyennant l’emprisonnement de dissident-e-s et abolit la séparation des pouvoirs pour se maintenir au pouvoir et s’en prend à la souveraineté d’un pays étranger. Tout cela est accompagné d’une politique sociale particulièrement violente. En visant les forces démocratiques kurdes de Syrie, Erdogan affaiblit gravement la lutte de la communauté internationale contre DAECH. Il ne faut pas oublier que les forces démocratiques kurdes continuent à assumer courageusement leur rôle essentiel dans cette lutte.

Le silence du Conseil fédéral et surtout du DFAE face à cette crasse violation du droit international est un aveu de faiblesse. Il n’y a pas si longtemps encore, lors de l’agression de l’Ukraine par la Russie, le Conseil fédéral avait non seulement rappelé la nécessité du respect du droit international et des frontières reconnues sur le plan international, mais également que la seule voie en matière de relations internationales, c’est le dialogue et non la force.

Ce silence instille progressivement au sein de la population suisse l’idée que la loi du plus fort est implicitement tolérée par le Conseil fédéral. Il est temps pour le Conseil fédéral et le DFAE de dénoncer la violation du droit international en demandant l’arrêt des opérations militaires, le retrait des troupes turques de Syrie, l’adoption d’une résolution par le Conseil de Sécurité de l’ONU et le retour des tous les acteurs à la table des négociations dans le but de d’instaurer la paix et de permettre aux civils de construire un futur fait d’espoir et non de violence et de bombes. En parallèle, le Conseil fédéral doit agir pour que la Turquie respecte de nouveau le droit international et les droits humains. 

25. jan 2018