Le « Groupe de contact pour la Méditerranée centrale » se rencontrera lundi, à Berne, afin de débattre sur les manières de faire face aux mouvements migratoires. Cette conférence est aussi nécessaire que la recherche critique, pour la Suisse et l’Europe, de leur part de responsabilité aux causes de la fuite. Les raisons économiques de celle-ci — exploitation dans le commerce des matières premières, relations commerciales non équitables, drainages de plusieurs milliards par des échappatoires fiscales — émanent d’Europe. Ces situations sont par ailleurs exploitées dans de nombreux pays d’Afrique, par des cliques administratives autoritaires corrompues. La Suisse doit également remettre en question de manière critique la cohérence de sa politique migratoire, fiscale, et économique extérieure.

Le PS salue la rencontre de ministres européens et africains, qui se tiendra lundi à Berne, dans le cadre du « Groupe de contact pour la Méditerranée centrale ». « C’est toujours un progrès lorsque l’on ne parle pas de l’Afrique comme une entité externe, mais bien avec l’Afrique. Et ceci même si ce n’est toujours pas le vrai dialogue sur le développement que l’on souhaite depuis longtemps. Nous oublions beaucoup trop souvent que l’Afrique est bien plus fortement touchée par les mouvements migratoires que l’Europe — qu’il s’agisse des pays d’origine, de passage ou cibles », déclare la conseillère nationale (FR) Valérie Piller Carrard.

« Les améliorations immédiates de l’insupportable situation en Libye et dans d’autres pays le long des voies de fuite doivent être le thème central de la conférence », poursuit Valérie Piller Carrard. L’Europe et la Suisse doivent intensifier le sauvetage maritime en Méditerranée et exercer une pression sur les représentants de la Libye. Tant que la situation en Libye est aussi chaotique et que les droits humains sont bafoués, des issues de secours légales vers l’Europe sont nécessaires. C’est pourquoi le PS soutient sans hésitation les plans européens visant à amener directement en sécurité les femmes et les enfants libyens en Europe.

La Suisse et l’Europe ne peuvent cependant pas faire l’économie du questionnement de leurs propres programmes politiques. Les « Paradise Papers » ont permis de rappeler à l’opinion publique l’exploitation économique du Sud. « La politique globale économique et fiscale est un moteur pour la migration, et la Suisse, en tant que plaque tournante de la finance et du commerce des matières premières, y contribue largement », continue Valérie Piller Carrard.

L’initiative pour des multinationales responsables offre la chance de contraindre les entreprises ayant leur siège social en Suisse au respect des droits humains et des normes environnementales, également à l’étranger. Mais nous ne devons pas nous arrêter là : le PS exige plus de transparence dans le commerce des matières premières, et la révision du droit de la société anonyme actuellement en cours offre une réelle chance d’amélioration. Le PS exige également que le Conseil fédéral donne un éclairage critique sur la responsabilité de la Suisse en regard des motifs de fuite. Ainsi, les représentant-e-s socialistes au sein de la Commission des institutions politiques du Conseil national (CIP-N) ont demandé à ce qu’un postulat soit déposé en ce sens. 

10. nov 2017