Le Conseil fédéral a aujourd’hui décidé d’entreprendre, dans le bon ordre, les différentes démarches nécessaires à l’application de l’initiative contre l’immigration de masse. Il faut d’abord négocier avec l’Europe et ensuite appliquer l’initiative en Suisse. « La décision de négocier initialement avec l’Europe était la seule solution possible », déclare le président du PS Suisse Christian Levrat. Seule une solution qui ne détériore pas nos relations avec l’Europe doit être envisagée. « En revanche, le Conseil fédéral aurait dû entamer les réformes intérieures nécessaires bien plus tôt » critique le Fribourgeois. Le PS a précisé dès le départ que la mise en œuvre de l’initiative doit passer par des réformes en matière de politique intérieure, telles que la mise en place d’une offensive de formation, d’une protection contre la pression sur les salaires (dumping), de l’abolition des incitations fiscales inopportunes et d’une meilleure intégration du potentiel indigène dans le marché de travail.

Il a fallu un an au Conseil fédéral pour s’exprimer enfin clairement : l’introduction de contingents et de préférence nationale pour les ressortissant-e-s d’Etats-tiers et la poursuite des disposition de la libre circulation des personnes pour les ressortissant-e-s européen-ne-s. Cette approche de la mise en œuvre de l’initiative contre l’immigration de masse ne doit pas entraver nos relations avec les pays voisins. Comme l’a déjà prévenu le PS en mars 2014, des relations réglementées avec l’Europe – actuellement sous forme d’accords bilatéraux – sont essentielles pour la Suisse. Le Conseil fédéral doit maintenant aller de l’avant et trouver un accord entre la Suisse et Bruxelles. La population a déjà, à plusieurs reprises, confirmé son intention de maintenir une relation stable avec l’Union européenne, le dernier exemple étant le refus écrasant de l’initiative Ecopop en novembre 2014.

En revanche, les mesures du Conseil fédéral en matière de politique intérieure sont totalement insuffisantes. La Suisse doit également faire ses devoirs et ne pas simplement déléguer tous ses problèmes à l’Union européenne. La qualité de vie en Suisse ne se résume pas simplement au volume d’immigration, mais bien à des réformes décisives sur le plan interne. Les choses sont claires : le peuple aura le dernier mot, afin de déterminer quel chemin sera choisi. Si le Conseil fédéral entend gagner cette future votation, il doit entamer dès à présent les réformes nécessaires, en impliquant également le monde économique qui doit prendre ses responsabilités. Continuer comme si le 9 février n’avait jamais existé n’est en rien une solution.

Le PS a déjà indiqué, lors de son Assemblée des délégué-e-s du mois d’octobre 2014, quelles étaient les réformes intérieures nécessaires :

  • Offensive de formation pour du personnel spécialisé indigène
  • Meilleure intégration dans le marché du travail des femmes, des jeunes récemment formés et des salarié-e-s de plus de 50 ans
  • Généralisation des conventions collectives de travail et renforcement des contrôles pour éviter la pression sur les salaires (dumping)
  • Réformes fiscales, afin de supprimer toute incitation néfaste en faveur des entreprises extérieures

Le Conseil fédéral a perdu beaucoup de temps avec sa méthode décisionnelle. Il doit maintenant passer à l’offensive pour mettre en œuvre les réformes intérieures qui font cruellement défaut à la Suisse, indépendamment de ses négociations avec l’UE. 

11. fév 2015