La concurrence et les privatisations dans le domaine hospitalier génèrent des coûts. Le nouveau financement hospitalier a renforcé la concurrence et incite les hôpitaux à se lancer dans une véritable « course » aux équipements de pointe pour être les plus performants. Les cantons sont ainsi confrontés à un conflit entre le renforcement de la concurrence et leur devoir de satisfaire l’intérêt général. Les investisseurs privés sont en train de transformer le domaine de la santé en une zone de libre marché : « Le système de santé devient de plus en plus un marché lucratif, au sein duquel des investisseurs tournés vers le profit tentent de faire leur beurre », explique la conseillère nationale (TI) Marina Carobbio.
Dans les cantons, les exemples sont particulièrement parlant : « Le groupe de cliniques privées Hirslanden dirigent plusieurs centres ambulatoires de santé en Suisse allemande et maintenant aussi au Tessin. Par ailleurs, l’hôpital cantonal de Winterthour et l’hôpital Bülach songent à ouvrir ce type de cliniques dans le centre commercial Glatt et à l’aéroport de Zürich ; le groupe international Fresenius AG dirige des centres de dialyse et Ameos AG exploite plusieurs cliniques et cabinets médicaux ». Cette concurrence accrue nous mène tout droit vers une médecine à deux vitesses. Le PS Suisse exige un système de santé public renforcé, avant que tous les hôpitaux ne deviennent des cliniques privées. Il est temps que l’Etat reprenne ses responsabilités. Au niveau fédéral, des critères clairs pour une admission sur la liste des hôpitaux reconnus doivent être établis.
Sous la coupole, le lobby des caisses maladie est particulièrement puissant auprès des Commissions de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS). Un tiers des membres de la CSSS-N ont un mandat dans le domaine de l’assurance-maladie. « Les décisions prises ne le sont donc pas de manière indépendante », déplore la conseillère nationale (SG) Barbara Gysi. La sélection des patient-e-s en fonction du potentiel lucratif de leur traitement doit cesser et les caisses maladie ne devraient plus posséder de cabinets de groupe. Les hôpitaux le pourraient uniquement s’ils le font dans une optique de service public. Le PS exige davantage d’offres et d’investissements publics et non orientés vers le profit dans le domaine de la santé, ainsi qu’une plus de démocratie, qu’il s’agisse du choix des investissements, du développement de l’offre ou de la direction dans son ensemble.
Pierre-Yves Maillard, conseiller d’Etat (VD) illustre ses propos avec l’exemple du canton de Vaud. Les révisions entrées en vigueur en 2012 ont affaibli le rôle des cantons, par exemple avec la libéralisation partielle du secteur hospitalier ou la levée du moratoire sur les cabinets médicaux. S’en est suivie une forte augmentation des coûts à la charge des assuré-e-s. « La solution pour lutter contre l’augmentation incontrôlée des coûts, c’est le budget global».
Les élans de libéralisation se sont traduits par une explosion des primes. Depuis l’introduction de la LAMal, celles-ci ont augmenté plus fortement que les salaires. A court terme, il est urgent de plafonner le poids des primes à 10% du revenu disponible des ménages. « Cette mesure est nécessaire afin d’empêcher l’affaiblissement continu du principe de solidarité dans la LAMal et de garantir à toutes et tous l’accès aux soins de base », martèle Jean-François Steiert, conseiller national (FR).