Selon le « Moniteur de la santé 2014 » du GfS, l’initiative pour une caisse publique a une chance d’être acceptée. « L’approbation de la caisse publique est supérieure au rejet », explique Liliane Maury Pasquier, conseillère aux Etats (GE). « Et cela, malgré le fait que des centaines de milliers de francs de primes ont été utilisés pour financer la campagne des opposants ». Les faiblesses dans le système d’assurance-maladie ont été soulignées, la semaine passée, par le Conseil fédéral, alors même que le lobby des caisses maladies empêche toute réforme afin de préserver ses privilèges. La seule réponse cohérente face à cette situation est d’opter pour un changement de système en faveur d’une caisse publique d’assurance-maladie, afin d’optimiser la santé des assuré-e-s et non pas les profits de certaines caisses.

Quatre personnes interrogées sur cinq déclarent que la concurrence entre les caisses favorise la chasse aux bons risques. Dans le même sens, près de trois sondés sur quatre estiment que la pseudo-concurrence engendre des coûts inutiles. Ainsi, les principaux arguments en faveur de l’instauration d’une caisse publique sont donc soutenus par une majorité large. La confiance de la population en un système de caisses orienté vers le marché est largement entamée : la part de sondés désireux de voir l’Etat jouer un rôle actif n’aura jamais été aussi élevée depuis 2003.

En deux décennies, le système d’assurance-maladie actuel n’a jamais vraiment tenu ses promesses. Il est donc temps d’abréger cette expérience qui s’avère coûteuse et complètement antisociale. Si le principe de la « chasse aux bons risques » n’engendre que peu de gagnants – en dehors des caisses – les perdants sont légion : les assuré-e-s, dont les primes ont tout simplement doublé en 14 ans ; les malades chroniques que les caisses expulsent au lieu de les traiter ; les médecins qui consacrent trop d’énergie à la paperasse et la bureaucratie des caisses plutôt qu’à leurs patient-e-s.

Même le Conseil fédéral se rend compte des faiblesses du système actuel et propose une réforme basée sur trois piliers : une amélioration de la compensation des risques, une nouvelle Loi sur la surveillance ainsi qu’une séparation des assurances de base et complémentaire. Et pourtant, même cette réforme minimale semble déjà trop ambitieuse pour les caisses et leurs représentants au parlement. Leur tactique est pourtant simple à comprendre : la compensation des risques, qui est un progrès minimal, sera célébrée comme une avancée remarquable ; la Loi sur la surveillance sera retardée le plus longtemps possible ; et Santésuisse a déjà lâché les chiens sur le projet de séparation des assurances de base et complémentaire.

Cette dernière manœuvre démontre que toute volonté de réforme de la part des caisses est à interpréter comme des promesses vides, qui n’appellent qu’une seule réponse : un OUI à la caisse publique le 28 septembre prochain. 

24. juin 2014