Il y a six jours, Vladimir Poutine a donné l'ordre d'attaquer l'Ukraine. La guerre était manifestement planifiée de longue date. Nous sommes stupéfait-es de voir les images de la violence du régime russe. Rien ne saurait la justifier.

L'Union européenne, les États-Unis et de nombreux autres pays ont pris en très peu de temps des sanctions sévères contre le régime de Poutine. Lundi, le Conseil fédéral a finalement cédé à la pression populaire et s'est associé aux sanctions européennes. Des millions de personnes dans le monde sont descendues dans la rue et ont obtenu que des sanctions sévères soient prises contre le régime de Poutine. Aucun d'entre nous ne sait si ces sanctions seront suffisantes pour mettre un terme à cette violence. La force de la démocratie, c’est que nous ne réagissons pas à cette guerre sans réfléchir : nous permettons au contraire un débat démocratique à ce sujet. Et c'est précisément ce qui fait peur à Poutine et à ses sbires. 

Il est inacceptable de voir comment certains cercles veulent désormais utiliser la guerre de Poutine en Ukraine pour imposer leur agenda politico-militaire et détourner ainsi l'attention de leurs propres échecs. La guerre dure depuis moins d'une semaine. Des millions de personnes ont fui leur foyer. Des enfants doivent dire adieu à leurs pères sans savoir s'ils les reverront un jour. Des gens meurent. Est-il vraiment opportun d'exploiter cette souffrance humaine pour le lobbysme de l'armement ? Pourquoi ceux qui empêchent depuis des décennies toute transparence sur le marché de la finance et des matières premières peuvent-ils se cacher désormais ? On nous répond qu’il revient aux journalistes de poser ces questions pertinentes. Pourtant, aucun journaliste n’a encore confronté ceux qui ont laissé les gestionnaires de fortune suisses poursuivre leurs affaires avec la cour de Poutine, même après l’annexion de la Crimée en 2014. 

Notre devoir collectif consiste à faire tout ce qui est en notre pouvoir – ici et maintenant – pour soutenir le peuple ukrainien et mettre fin à cette guerre au plus vite. Soyons honnêtes : le fait d’engager un débat sur le budget de l’armée suisse ne contribuera en rien à cet objectif. Aucune décision d’achat de chars de combat de l’armée suisse n’aidera aujourd’hui l’Ukraine dans sa lutte désespérée pour la survie. Il est également primordial d’ajouter que la comparaison entre la situation sécuritaire en Suisse et en Ukraine constitue un profond manque de respect envers la souffrance vécue par les Ukrainien-nes. Face au débat actuel sur l’acquisition de nouveaux avions de combat et de chars, à qui profite le crime ? Aux milieux de l’armement et à ceux qui parlent aujourd’hui de réarmement, dont les actions atteignent des sommets en bourse.

Cette guerre nous pose, en Suisse aussi, des questions fondamentales. Mais il y a un temps pour chaque débat. Ce dont nous avons maintenant la volonté et la nécessité de débattre, ce sont les actions que peut mener la Suisse. Il y a tant à faire : en tant que place centrale de résidence et de gestion de fortune de l'oligarchie russe et en tant que principale plaque tournante du commerce des matières premières russes, la Suisse détient peut-être même une clé décisive pour mettre fin aux agissements du criminel de guerre Poutine. En parallèle, nous devons ensemble préparer l'Europe à accueillir des centaines de milliers, voire des millions de réfugié-es. Le PS Suisse a déjà récolté plus de 350 000 francs pour l'aide d'urgence dans les pays voisins de l'Ukraine avec l’ONG « Solidar », une de ses organisations-sœurs.

Ce que nous vivons actuellement est un tournant historique : nous devrons repenser l'Europe, la configuration de la sécurité mondiale, les institutions de l'ONU ainsi que l'approvisionnement en énergie. Mais aujourd'hui, nous devons d'abord aider le peuple ukrainien qui lutte, sous nos yeux, pour sa survie.

02. mar 2022